Damso : Nwaar Is The New Revolution

From Bruxelles to 92I

Si 2016 a été une année fluctuante pour le rap Français, 2017 démarre sur les chapeaux de roues. Comptant déjà une multitude de certifications, en l’espace de quatre mois, et de nombreuses surprises musicales. Parmi tous ces artistes, le titre de révélation de l’année revient à Damso.  Artiste Belge qui a pris la route vers Paname, grâce au mécénat du DUC. Son premier projet Batterie Faible, certifié disque d’or, son single Paris c’est loin avec Booba certifié single de platine, Damso n’a plus le temps. Il est certainement l’artiste viral de l’année, en amenant au rap français une nouvelle dimension musicale, dont lui seul a le secret. Mêlant, douceur, violence, profondeur et réflexion, il respecte tous les codes du Hip-Hop, tout en révolutionnant le genre. La question étant : va-t-il réussir à pousser sa technique et son flow encore plus loin ?

Aujourd’hui, il sort son nouveau projet Ipséité et il semble que seul le disque de platine pourra lui convenir, et encore… Damso revient avec un album beaucoup plus introspectif, et il a beaucoup de choses à dire. En effet, il s’avère que son nouvel album aura une suite cette année : les meilleurs ne s’arrêtent jamais.

L’année 2017 est à lui, qui l’aime le like ou le follow.

 

1 – Α. Nwaar Is The New Black (prod. Ikaz Boy)

Damso commence fort. Il ouvre l’album avec un morceau bien Nwaar. Avec un couplet unique suivi d’un refrain, il débite de son flow puissant, un texte violent et rentre-dedans, fidèle à son style. Produit par Ikaz Boy, producteur de Joke, Jazzy Bazz ou bien encore Veerus, sa prod ténébreuse et lointaine s’associe parfaitement au flow radical de Damso. Attention il arrive fort sur nous!

2 – B. #QuedusaalVie (prod. Lens Dupuy)

 

A contre-pied du premier morceau, Damso calme le jeu, au niveau du flow. Posant un texte beaucoup plus introspectif, sur une prod à la fois douce et rythmée, renforcée par le flow millimétré de Damso. La profondeur de son texte rime avec la prod de Lens Dupuy, très inspirante qui plus est. On constate que Damso apporte beaucoup d’importance à la mélodie retranscrite, notamment par l’assemblage du flow et de l’instru, à la manière de PNL.

3 – Γ. Mosaïque solitaire (prod. Pirates Music & Double X)

Certainement le morceau le plus expérimental de Damso. Mêlant trois prods en une, d’où la collaboration de Pirates Music et de Double X. Damso coupe les liens avec ces autres morceaux en proposant un produit plus long. Réussissant à adapter son flow à chaque partie du morceau, qui s’avère bien différente. Ainsi on comprend que le terme Mosaïque, s’associe à cette multitude de flow et d’instru.

4 – Δ. Dieu ne ment jamais (prod. DSK On The Beat)

Le moins que l’on puisse dire de Damso, c’est qu’il a du vécu. Sa musique en est donc très imprégnée.  Souvent à la frontière de la mélancolie, il la retranscrit et la détourne avec des textes se rapprochant de la poésie « métissée comme touche de piano ». DSK On The Beat l’a bien compris et nous offre une prod complètement en lien avec le texte. Damso développe beaucoup d’idées fortes, qui demanderont plusieurs écoutes pour en ressentir son essence.

5 – Ε. Signaler (prod. Double X)

Damso aime les femmes, certes. Mais une en particulier semble l’avoir marqué, au point de la signaler. Ce sujet lui tient à cœur, on pense notamment à Autotune, morceau de Batterie Faible. Encore une fois il se renouvelle, avec un flow tout en puissance et en douceur. C’est cette contradiction constante qui fait sa force. Double X livre une prod pertinente, aussi mystérieuse que le personnage qu’il est. On sait peu de lui, si ce n’est qu’il a collaboré avec les plus grands noms du rap français. A la limite du dansant, Dems prend à contre-pied le fait de « signaler » une personne, qui devient presque un acte de reconnaissance.

6 – Ζ. Kietu (prod. Tommy Beats)

Ce morceau fait office de mise en abîme, représentant les questions que l’on peut tous se poser sur Damso. A travers les questionnements d’une femme. Dems se connait très bien, il sait ce qui se dit sur lui et ce qu’il représente pour le rap français : un véritable outsider, mystérieux et très soutenu. Tommy Beats, producteur qui vient de Madagascar, retranscrit cette ambiance d’auto-questionnement sur la personne qu’il a été et qu’il est aujourd’hui.

7 – Η. Gova (prod. Tommy Beats)

Dems brise une nouvelle fois le rythme de l’album, en posant un flow beaucoup plus sombre, pour laisser place à du kickage tah l’époque de Batterie faible et montre qu’il est bien toujours là pour saigner de la prod. Aussi produit par Tommy Beats, Damso balaye deux atmosphères bien différentes, à la suite. Les ténèbres s’emparent de la prod et du flow de Damso. Pour les derniers sceptiques, voilà la réponse que Dems a pour vous.

8 – Θ. Macarena (prod. Double X)

Une nouvelle fois, Damso nous conte l’une de ses aventures, sentimentale qui plus est. A la différence d’Amnésie, il rap son histoire d’une manière moins viscérale. Toutefois son texte est moins triste et s’apparente à une histoire que l’on a tous pu vivre. C’est comme un regard sur cette histoire du passé, dont il tire des constats. En citant le nom de Sabrina, il vise quelqu’un de précis, qui se reconnaîtra certainement. Ce morceau est à prendre telle une lettre ouverte. Double X renforce très bien cette idée de simple regard sur le passé, tout en retranscrivant les sentiments de liaisons tumultueuses, sur fond mélodique très appréciable.

9 – Ι. Peur d’être père (prod. Youri)

Voilà l’un des sons les plus introspectifs de Dems. Avant il avait Peur d’être sobre, maintenant il a Peur d’être père. On constate l’évolution de ses principes de vie. Il se rend compte de la responsabilité que représente le fait d’être père, il ne peut donc plus être jnouney everyday. Place aux responsabilités, mais aussi au bonheur. Youri qui fait ses armes sur ce morceau retranscrit parfaitement tous les sentiments qui fusent dans la tête de Damso. Avec une prod rythmée et mélancolique, mais pleine d’espoir.

10 – Κ. Kin la belle (prod. DSK On The Beat)

Kin la belle, ou Kinshasa, capitale de le République Démocratique du Congo, où Damso a vécu jusqu’à l’âge de 9 ans. Ce morceau semble très important à ses yeux. Connaissant le Dems, on sait qu’il tenait à rendre un projet parfait. Chose faite. Apportant un réel message d’amour, de force, et d’espoir, il réalise un son aux sonorités africaines très justes. DSK n’y est pas pour rien, évidemment, propulsant le flow de Damso jusqu’à Kinshasa. Il nous plonge dans une ambiance dont on ne veut pas voir la fin. Ayant déjà produit des artistes comme MHD ou Benash, il maîtrise les sonorités africaines et leur collaboration en ressort très riche.

11 – Λ. Lové (prod. Wantigga)

Place au rythme, sur une prod. ultra rebondissante de Wantigga, Damso s’exprime sur un autre sujet qui lui est cher, l’argent. Après une longue période de doutes et de questionnements sur sa vie, il a trouvé son objectif, récurent chez les rappeurs, faire des lovés.

12 – Μ. Noob Saibot (prod. Tommy Beats & Shakir Beatz)

Référence au ninja emblématique de la licence de jeux vidéos Mortal Kombat. On comprend que Damso s’identifie à ce personnage, tout de noir vêtu très bresom, à l’image du morceau. La prod part dans tous les sens et Dems distribue son flow non-stop. On retrouve le Damso qu’on aime, très énervé, qui saigne la prod de Tommy Beats et Shakir Beatz sans pression apparente.

13 – N. J Respect R (prod. WawaOnTheTrack)

Damso traite ici d’un sujet qui lui tient à cœur : les opportunistes. Avec le succès qu’il commence à acquérir, il se rend compte que nombreuses sont les personnes qui veulent essayer de profiter de sa réussite. Ainsi, il en ressent de l’amertume. Sur une prod simulant des sortes d’aspirations, une impression de tourbillons est provoquée, comme un gros bordel. Le flow de Damso, est, quand à lui, très calme, très sereins, comme si au fond, tous ces opportunistes lui passaient au dessus. Après tout, on est seul moteur de notre réussite et Dems l’a très bien compris.

 

14 – Ξ. Une âme pour deux

Assurément le morceau de l’album qui laisse le plus perplexe. Dems décide de clôturer son album sur une sorte de courte histoire de science fiction. La prod complètement viscérale et mixée minutieusement par NK, ayant collaboré avec PNL, rend le tout complètement fou. De nombreuses théories portent à croire que les dernières phrases du morceau annoncerait un autre album « la mixtape 4 de Damso », qui sortirait d’ici une semaine… Décidément Dems n’a pas fini de nous surprendre.

 

Damso lâche un album digne du 92I et, une nouvelle fois, il montre au rap game qu’un tel outsider peut mettre tout le monde d’accord. De plus, tellement de théories ont fait leur apparition quand à une suite de l’album, qu’on est dans le flou. Merci Damso. Ipséité, qu’il ait une suite ou non, reste un album très puissant, rempli de messages, de poésie, de vulgarité et de technique. Le potentiel de réécoute est élevé, l’album s’écoutera très longtemps, et ce sera nécessaire à la compréhension de ses flows poétiques. Il risque de monopoliser les charts un moment. Tant mieux.