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Du Disque Dur au Disque d’Or

L’histoire de la certification discographique

En ce moment, les disques de certifications tombent de plus en plus, merci Damso. il me semble donc intéressant de revoir ce que représente un disque, d’où il vient et son avenir.

Si beaucoup pensent que le premier disque d’or a vu le jour vers 1950 avec l’arrivée de la RIAA (Recording Industry Association of America), sachez que ce n’est pas le cas. En effet, c’est en 1942 que le célèbre tromboniste et chef d’orchestre américain Glenn Miller reçoit le premier disque d’or. C’est son label RCA Victor qui le lui remet durant le mois de février, pour avoir vendu 1,2 million de 78 tours de son album Chattanooga Choo Choo… rien que ça. Le disque d’or est alors très anecdotique et concerne surtout l’artiste et son label, tel un clin d’œil pour approuver la qualité de son travail et de son rendement.

Toutefois, par la suite, beaucoup de labels se sont mis à distribuer des certifications dans tous les sens à leurs artistes. De plus, les chiffres n’étaient pas les mêmes en fonction des maisons de disques, chacune affichant son chiffre : c’était vraiment à l’ancienne. C’est ainsi que se crée la RIAA, afin de réguler le tout et de faire en sorte que les artistes soient récompensés à leur juste valeur. Alors, un disque d’or équivaut à 500 000 exemplaires vendus et un platine, le double.

On est encore bien loin des classifications de disques actuels, pourquoi ?

Déjà, il faut savoir que chaque pays dispose de son organisme représentant l’industrie phonographique, c’est-à-dire du disque. Rapidement après la création de la RIAA, se forment au Royaume-Uni la BPI (British Phonographic Industry) et en France la SNEP (Le Syndicat national de l’édition phonographique). La SNEP est plus vieille que la RIAA, puisqu’elle fut créée en 1922. Mais son activité actuelle de recensement des ventes d’albums et de singles phonographiques date de 1984.

Ainsi, chacun de ces organismes impose son quota. Les ventes imposées par chaque pays sont proportionnelles aux nombres d’habitants, et aux nombres de consommateurs. Les États-Unis et la France ne jouent donc pas dans la même cour, cela va de soi. Michael Jackson reste à ce jour l’artiste le plus bankable de l’histoire, avec 32 millions de ventes à son compteur pour l’album Thriller. Soit 32 disques de platine. Allez pour l’anecdote, au total, il a raflé 5 disques d’or, 73 disques de platines et un disque de Diamant, tous pays confondus. Haha.

Toutefois, aujourd’hui, Michael aurait fait triple disque de Diamant, étant donné que le platine était la récompense ultime encore en 1982. Tandis qu’en France, il avait atteint le Saint Graal (le Diamant).

Par ailleurs, si un disque d’or valait 100 000 ventes de 1973 à 1980, il n’en est rien aujourd’hui, puisqu’il suffit de faire la moitié pour récupérer sa galette clinquante depuis le 1er juillet 2009. Ces quotas revus à la baisse depuis 40 ans sont représentatifs de la crise économique, qui a évidemment entraîné une chute de la vente de disque. De plus, le téléchargement illégal a bien enfoncé le clou.

Disque d’Argent, de Platine, d’Or, et de Diamant, que représentent-ils ?

Afin d’y voir plus clair sur ce long rééquilibrage, il semble nécessaire de dresser un tableau représentatif des nombres de ventes, et de leurs récompenses, dans le temps.

Classification discographique en France

Récompense
Argent

Or

Double Or

Platine

Double Platine

Triple Platine

Diamant
De 1973 à 1980 100 000
De 1980 à 1988 100 000 400 000
De 1988 à 1998 100 000 200 000 300 000 600 000 900 000 1 000 000
De 1999 à 2006 50 000 100 000 200 000 300 000 600 000 900 000 1 000 000
De 2006 à 2009 35 000 75 000 200 000 400 000 600 000 750 000
Depuis 2009 50 000 100 000 200 000 300 000 500 000

Les ventes de singles sont aussi très significatives :

Classification discographique de Singles en France

Récompense
Argent

Or

Platine

Diamant
De 1973 à 1980 500 000
De 1980 à 1985 500 000 1 000 000
De 1985 à 1988 250 000 500 000 1 000 000
De 1988 à 1991 200 000 400 000 800 000
De 1991 à 1997 125 000 250 000 500 000
De 1997 à 2005 125 000 250 000 500 000 750 000
De 2005 à 2009 100 000 200 000 300 000 500 000
De 2009 à 2013 150 000 250 000 400 000
Depuis 2013 75 000 150 000 250 000

Le constat est clair, lorsque l’on regarde la chute du coup du disque de Platine, l’industrie a pris un sacré coup de schlass.

Classification discographique aux Etats-Unis

Récompense Oro Platino
(2 x Oro)
Multi-Platino
(2 x Platino

Or

Platine
(2 x Or)
Multi-platine
(2 x Platine)

Diamant
(10 x Platine)
Albums
(si album dure plus de 100 min, les ventes sont comptées double
100 000 200 000 400 000 500 000 1 000 000 2 000 000 10 000 000
Singles de 1958 à 1976 1 000 000
Singles de 1976 à 1988 1 000 000 2 000 000 4 000 000
Singles depuis 1989 500 000 1 000 000 2 000 000 10 000 000

 

On constate la différence très nette entre la France et les États-Unis. Il est donc plus simple pour un artiste américain d’obtenir un disque à l’étranger, que pour un artiste français, tant les marges sont énormes.

Le streaming, miracle pour les labels ?

L’arrivée des plateformes de streaming musical, vers 2007/2008 comme Deezer, a littéralement révolutionné l’industrie de la musique. Elles ont, par la même occasion, fait diminuer considérablement le taux de téléchargement. En 5 ans, la croissance des plateformes de streaming musicales telles que Spotify ou Deezer a explosé, passant de 8 millions d’abonnés en 2010 à 68 millions en 2015 (selon l’IFPI et le Monde). Le résultat est sans appel.

Ainsi, tout l’argent qui s’envolait par les fenêtres des directs downloads ou des torrents se retrouve finalement dans la poche des industries musicales. Maintenant pour seulement 10€ par mois (7 pour les étudiants) l’accès à la musique est illimité. Sachant que le prix d’un album physique varie entre 10€ et 12,99€, l’affaire est rentable. Le téléchargement n’est toutefois pas aboli, mais disons qu’en 10 ans, le marché de la musique subit un nouvel essor. Il n’y a qu’à voir le nombre de disques d’or qui tombent depuis 2 ans.

Et comment sont calculées les ventes ?

Depuis le 1er janvier 2016, la SNEP a décidé d’intégrer le stream dans les ventes d’un album ou d’un single. Il était temps. Mais c’est le 13 septembre 2016 que les certifications discographiques tiennent compte du streaming, donc tout récemment. Quand l’on parle de stream, YouTube est généralement compris. Il était temps que l’on se mette à la page, puisque les plateformes d’écoutes se multiplient, en même temps que le nombre de leurs utilisateurs. Les labels passaient à côté de beaucoup trop de chiffres d’affaires, il fallait réagir.

Donc comment sont faites les équivalences Stream > Ventes ? Le calcul est simple :

(Source : SNEP)

 

Izi nan ? Il semble évident que dans le calcul des ventes d’albums, le(s) singles soient dissociés. Puisque parfois, un single peut représenter à lui seul, toutes les écoutes cumulées des autres morceaux de l’album. L’affaire est bien ficelée, et au final tout le monde est content, l’artiste comme le label.

Vers un nouvel essor de l’industrie ?

Au vu des résultats récents de nos activistes du rap game, et autres, on ne peut que se réconforter. La musique va beaucoup mieux. On peut imaginer que d’ici 2020, un disque d’or sera remis pour 100 000 ventes et non plus pour 50 000, comme en 2006.

Il ne faut pas oublier que le disque d’or et les autres disques ne sont que des récompenses, certes assez valorisantes, mais ne reflètent en rien la qualité d’un album ou d’un single. Le plus intéressant avec les récompenses discographiques reste le reflet qu’elles apportent sur l’industrie musicale actuelle. Il reste maintenant à détrôner Stromae avec son quadruple disque de diamant. Outai concu Outai ?